L'or et le plomb

Hé mec, ta passe s'emballe...

Je l'ai toujours pensé, il faut d'abord comprendre pourquoi une œuvre est belle, pourquoi elle engendre une certaine vibration, et apprendre à apprécier la beauté d'un rayon de lumière qui effleure le bord d'un objet par exemple, en plongeant les mains dans "la soupière de l'art" (ça c'est Willem de Kooning un de mes maîtres, dont je retranscris ici un de ses propos : "Tout est déjà dans l'art, c'est comme une grande soupière. Tout est déjà là. Alors on y plonge les mains et on y trouve quelque chose pour soi. Mais c'était déjà là.")
Cela nous envoie directement à l'étage de la recherche artistique, sans passer par le tiroir caisse. Faire de l'art, c'est d'abord se poser des questions à propos de ce que le monde nous offre au fond de la soupière. D'ailleurs, à mon sens, De Kooning ne parle pas de ce qu'on y découvre mais plutôt du plaisir, de la charge émotionnelle que cette découverte suscite en faisant naître une nouvelle aventure artistique.

Willem de Kooning
1958 SUBURB IN HAVANA 203/178 CM

Willem de Kooning
1960 DOOR TO THE RIVER  203/178 CM

Mais combien d'artistes rêvent d'abord d'être admirés et de gagner du pognon ! Voilà pourquoi beaucoup d'entre eux tombent dans le formatage, se coupent l'herbe sous le pied avant d'avoir foulé le sublime, sans avoir jamais eu l'idée d'aller voir ce qui se passait au fond de cette foutue soupière...

Du coup, à force de chercher de l'or, ils ne trouvent que du plomb. Voilà où je voulais en venir ce soir. On veut de l'or ? on n'aura que du plomb... De toute façon, tous ceux qui ont voulu se faire les c... en or ont toujours plombé l'histoire à un moment ou à un autre, je ne les aime pas. Ils engendrent des générations de mômes au cœur de fer et ils pourrissent l'art, ils l’appauvrissent, ils polluent, ils calculent tout pour que leurs productions soient accessibles au dernier des blaireaux, ils "bétonnent" tout...

Pardonnez-moi cette diatribe enflammée...

Autre lien avec des peintures de Willem de Kooning